Sincèrement, je me réjouis de la prestation à l'équipe de France de football pour à la coupe du monde des
doudous.
(Je me réfère ici à la couverture d'un
Charlie-Hebdo, la semaine où a commencé le tournoi, dessinée par Charb-au-grand-talent. On y voit un quidam lambda, qui, devant l'annonce en grosses capitales de la crise, de la récession, du chômage, du marasme général, réplique, le pouce dans la bouche et le ballon géant dans les bras: "je m'en fous, j'ai mon doudou".)
Oui, je me réjouis que cette équipe ait joué le jeu du sport, où perdre fait partie du jeu, et pas celui des intérêts matériels vastement projetés sur elle.
Une semaine avant l'entrée dans l'arène, on apprenait que TF1, comptant ferme sur la présence des bleus en finale, avait souscrit des contrats faramineux de droits de retransmission, matraquage publicitaire et exploitation de l'image des joueurs à l'appui. Combien de milliers ou de millions d'euros la chaîne a-t-elle payé ses consultants? Las, l'argent ne protège ni de l'erreur, ni de l'échec. Je me demande di TF1 s'est fait rembourser ses frais de prédiction trompeuse :)
Mieux encore: trois jours avant l'ouverture des jeux, on nous annonçait que la consommation des ménages français (chers aux agences de stats) allait remonter en flèche, puisque l'équipe nationale arriverait en finale et que le peuple cocardier allait joyeusement consommer (ou devrais-je dire
consommater, comme d'autres parlent de
candidater ou de
solutionner ?) de la fierté patriotique devant la télé. Encore raté. Au lieu de l'effet Pygmalion ("on va gagner, vous allez consommer"), ce fut l'effet berne: "on vous a bernés, vous allez l'avoir en berne".
Pour couronner le tout, une fois la défaite consommée (alléluiah, on a tout de même consommé quelque chose!), on a cherché des coupables, là, tout de suite, maintenant, sur cette pelouse, sinon il y allait y avoir des émeutes dans les cités-dortoirs et de l'austérité dans les administrations! Cette attitude consistant à anticiper des profits financier, à constater le manque à gagner résultant, et à faire payer quelqu'un parce qu'il est inacceptable de ne pas le compenser rappelle le limogeage des généraux à l'issue des batailles perdues dans les guerres les plus mondiales et acharnées. Pas question par contre de mettre en cause le système et l'idéologie qui ont produit de tels bides inepties. Comme à Villiers-le-Bel, on préfère châtier quelques individus de façon édifiante et exemplaire ("c'est eux les méchants!") plutôt qu'engager la réforme de fond d'un système dont l'idéologie est trop lourde et rigide pour marcher. Vous n'avez pas de pain, citoyen(ne)s? vous aurez des jeux. Vous n'avez pas la victoire? Vous aurez des boucs émissaires. Ainsi soit-il.
La politique se réduisant à l'économie, dont les deux mamelles sont la finance et la consommation, et l'économie s'identifiant volontiers au spectacle des corps, des ors et des sports, ce faisceau de convergence entre trois domaines qui pourraient ne rien avoir en commun me paraît malsaine. Quant aux bleus, ce sont peut-être eux les plus malins. Au vu de leur côte chez les bookmakers (quoi, 500 contrer 1, un truc comme ça?), ils ont peut-être parié contre eux, fait exprès de perdre et raflé la mise. Comme ça, une fois virés de l'équipe-fromage, ils peuvent continuer à s'acheter leurs gourmandises sans avoir à se fatiguer les chevilles aux entraînements...
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