De Paname à Syd, à vélo, en lit à roulettes, à fond la caisse ou à pas lents, in French and English, sailing and steaming, even roller-bedding, stroll, rush and dérive pour un bout de chemin. Explosif!

18 May 2008

la Boîte (à Pandore) noire du Pacifique.



Ce forum n'a pas été un désastre, mais il a eu bien des aspects frustrants.

Plus d’un mois après, je n'ai eu de nouvelles de Taloi Havini et de Georgia McRae, les deux fondatrices de Pacificblackbox Inc (PBB), qui ont organisé l’événement, qu'à ma demande expresse. La rencontre de bilan que m’a promise Taloi le jour de la cérémonie de clôture aura,dit-elle, bien lieu, avant juin.Donc dans la quinzaine, à suivre.

Je me méfie. Non seulement, Georgia n’a pas fait état de ma participation dans le blog officiel du forum, où elle se répandait pourtant en remerciements et en félicitations ; non seulement Taloi et elles sont parties en catimini un matin à l’aube, sans prendre le temps de me dire « au revoir », après trois semaines où elles n’ont pas eu le temps de même me parler ; non seulement Taloi m’a mise en question dans un mail à Stephen Mori, qui a organisé dans sa galerie d’art une vente dont le rapport, 20 000 dollars oz (soient 13 000 euros environ) a été donné à PBB. J’ai été maintenue hors du projet autant que faire ce peut, par celles-là même qui m’avaient demandé d’y participer. Malgré toute la paperasse que Taloi et Georgia passaient leur temps à produire, ce qui les empêchait de me consacrer la moindre de leur minute, je n’ai jamais eu en main que l’emploi du temps des deux premiers jours et le programme de la cérémonie d’ouverture. En fait, le papier devait leur coûter trop cher et il eût été oiseux de le gâcher pour informer une pauvre assistante.

Je ne comprends toujours pas, surtout a posteriori, pourquoi Taloi a insisté pour m’emmener avec elle à Bougainville. J’ai l’impression d’avoir été la mouche du coche de a à z. La moindre de mes questions l’horripilait. Toutes mes initiatives étaient déplacées, comme par exemple quand j’ai accepté d’apprendre à des participants du forum comment se servir d’un ordinateur pendant leur temps libre. (sans le contrôle idéologique de personne !) J’ai fini par me voir attribuer des tâches aussi réduites et mineures que possible : brancher des câbles, installer et désinstaller le projecteur vidéo pour les séances du soir pendant que Georgia et Taloi jouissaient d’un repos bien mérité dans leur chambrette; j’ai à peine participé à l'élaboration de la vidéo finale, qui a pourtant occupé la moitié dudit forum.

A Sydney, nous avions convenu, Taloï, Stephen et moi, que je filmerais le forum et en rapporterais un docu que nous diffuserions à la galerie Mori. Une fois à Cairns, en transit, Georgia et Taloï m’ont bien fait comprendre que filmer n’était en rien ma priorité. Enfin, arrivée à Buka, j’ai été gentiment mais fermement invitée à m’abstenir de filmer, comme tous les facilitatrices du forum. Le chantage se présentait sous forme de contrat à signer, reconnaissant à PBB la propriété exclusive des images prises au forum, sous peine de se voir exclue de l’équipe, et visait à empêcher l’objectification des indigènes par un œil occidental et colonialiste comme le mien.

Non mais, je rêve ! Bien sûr, on peut me qualifier d’occidentale et de colonialiste, ce n’est pas avoir des ancêtres indigènes colonisés qui immunise contre l’influence de sa société ambiante. Mais alors, ces adjectifs ne s’appliquent pas moins à Taloï, à Georgia, et à tous ceux qui ont adopté les mœurs occidentales, par exemple australiennes, pour régir un territoire indigène, qu’à moi. L’engagement au sein de communautés et de minorités est la base-même de mon travail en tant que vidéaste. Je n’ai jamais émis une image sans le consentement préalable des personnes concernées. Je suis donc offensée par l’ignorance et le mépris de mon travail et de ma position par les organisatrices de PBB. Je déplore l’impossibilité de quelque dialogue que ce soit avec elles sous le prétexte continuel que leur emploi du temps était trop chargé; cette attitude de contrôle total constitue une atteinte à ma liberté d’expression.

Aux dernières nouvelles, PacificBlackBox ne répond pas. Leur blog n’a pas été mis à jour depuis presque quatre semaines, et « Les commentaires sur ce blog sont réservés aux seuls membres de l’équipe » vous informe-t-on si on veut laisser un message. J'ai donc envoyé des mails personnels à Georgia et Taloi. La première, pourtant porte-parole de l'organisation, ne m'a pas répondu.

Je souhaite me fourrer le doigt dans ce fameux œil, être trop impatiente et émotive et tout et tout. Mais je suis on-ne-peut-plus pessimiste sur la postérité de ce forum, même si je ne regrette pas d’y avoir fourré ledit doigt. S’il vous plaît, quelque’unE ! Montrez-moi que je m'ai gourée !

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